Nous sommes allés à Montenach, prendre l'air, le soleil tant aimé, et avons rencontré par hasard un homme dont son univers nous a transportés vers un autre monde. C'était à Montenach, oui, à quelques encablures de la maison de la nature. Dans un chemin, il s'est arrêté non pas pour nous réprimander parce que nous serions sur un chemin privé menant vers sa pisciculture mais pour rencontrer. Il nous a parlé, raconté son passé et ce qu'il est. Nous étions tous à l'écoute, un être rempli de bon sens, connaissant les misères d'une guerre et les liens familiaux, mais aussi le travail.
Nous aurions pu repartir mais son coeur d'homme l'a conduit dans le jardin pour nous offrir des énormes bouquets de persil, de menthe poivrée, de radis, de thym, d'oseille mentholée. Cela éveille nos sens, les parfums mélangés nous ramènent à un mode de vie pas si lointain mais oublié.
Il nous raccompagne en faisant un petit détour .... qui vaut le coup d'oeil. Là derrière ces bocages, invisible aux passants, s'est dressé un monde de pierres, venues de la colline et agencées de telle façon qu'on se serait cru chez les romains, lui et ses fils ayant contribué quelques mois ou années à cet édifice : des bassins de pierres. Et c'est en effet à cet endroit précisément que notre dépaysement fut le plus total.
De plus, cet homme, Ernest Keff, avait osé, du haut de ses 75 ans, me dire que vers Bouzonville, il y avait "une terre de jardin pour faire la tête de femme", tellement elle était dure !
Et je vous vois sourire !